Yann "Bug" Dubois

Le petit déjeûner occidental du Turtle inn est très riche en fruits : kiwi, banane, pamplemousse, cerises. Avec un œuf dur et 3 tranches de pain toasté au beurre salé et un grand verre de jus d’orange, le plein d’énergie est fait. Et de l’énergie, il nous en faut, à la fois pour attaquer la journée sous la bruine et la grisaille brumeuse (et en plus il fait froid…) et pour aborder le programme (visite des chutes de Kegon, rando autour du lac Chuzenji et éventuelle baignade dans un onsen… ou ailleurs)

Chutes de Kegon

La bruine se transforme en pluie alors que nous attendons le bus de la ligne Tobu qui doit nous emmener à 1200 mètres d’altitude. Une fois dans le bus, la brume se transforme en brouillard de plus en plus épais à chaque virage serré en épingle à cheveux. Un vrai temps pourri de montagne. Du coup, une fois arrivés aux fameuses chutes de Kegon (les plus belles du Japon), il n’y a absolument rien à voir. On entend le tonnerre continu de la cataracte de 97 mètres de haut, mais on ne voit rien qu’un épais brouillard gris totalement uniforme. Aussi gris que la mine des groupes de coréens dépités qui remontent dans leur bus après un tour en ascenceur inutile et la visite obligatoire de la boutique de souvenirs où au moins il fait chaud et sec.

Nous ne nous laissons pas décourager : il n’y a rien à voir au chutes, mais la journée ne tombe pas pour autant dans le lac : après avoir investi dans deux mini impers en plastique transparent pour celles qui on froid, nous décidons dare-dare de nous y rendre (au lac). Devant une telle détermination, le brouillard accepte de se déchirer et la pluie s’arrête aussi…sec.

Le tour du lac de Chuzenji

Le temps d’entammer le chemin qui fait tout le tour du lac, et la brume elle-même commence à glisser sur la surface de l’eau. L’atmosphère se réchauffe, impers et pulls sont vite roulés au fond des sacs.

A midi, le climat est devenu tout-à-fait ensoleillé. Nous nous arrêtons pour déguster un riz au curry dans un établissement spécialisé dont la recette est réputée “depuis 100 ans”. Les enfants prennent des frites et des nuggets de poulet.

Nous reprenons le chemin, toujours désert et de plus en plus sauvage à mesure qu’il s’éloigne des routes et des habitations, une fois dépassées les chutes de Ryuzu et leurs bus scolaires. En millieu d’après-midi, nous longeons une petite plage. Il fait si beau que nous sommes littéralement obligés de faire un plongeon dans l’eau claire du lac qui se révèle encore meilleure qu’à Berck en cette saison. Nous serions bien restés plus longtemps à barboter dans ce paysage de rêve parfaitement calme et désert, mais les taons importunent les enfants (ça nous rappelle Hokkaido). En plus, il reste un petit espoir de faire le tour complet du lac avant la tombée de la nuit et le dernier bus.

De la faune sauvage !

En fin d’après midi, nous croisons enfin nos premières biches. Trois au total, mais une panne inopportune d’appareil photo ne nous a pas permis de les immortaliser. Par contre, nous décidons de rebrousser chemin : nous sommes à la moitié du tour du lac, mais la partie du sentier qu’il reste à parcourir est la plus éloignée de la civilisation; on ne croise pas de routes avant plusieurs heures, et le risque est donc grand d’arriver trop tard pour le dernier bus (et l’idée de finir le chemin dans le noir et le brouillard -la brume pointe son nez à l’autre bout du lac- ne nous séduit guerre, surtout dans cette zone délimitée par des panneaux “attention aux ours”.)

Bref, nous faisons demi-tour, et une heure plus tard nous longeons à nouveau la route avec les arrêts de bus. Alors que je vérifie les horaires de bus, j’apperçois un premier singe qui traverse nonchalament la chaussée. De l’autre côté de la route, un deuxième singe se perche sur un grillage et nous observe. Igor, qui n’a décidemment plus peur de rien, n’écoute que son instinct de cameraman et s’approche tout près de lui pour le filmer. Le singe, qui recherche de la nourriture plutôt que les honneurs des médias internationaux, finit par se lasser. Il se fâche un peu, pousse un cri et se sauve en quelques bonds.

Le singe de Chuzenji filmé de près par Igor !

Nous poursuivons un peu notre chemin car le bus n’arrive pas tout de suite, ce qui nous permet d’apercevoir une autre biche, mais plus de singe.

Retour

Nous arrivons à l’arrêt suivant juste avant le bus (qui est complêtement vide : il n’y avait déjà plus que nous sur les chemins) Le temps de redescendre la route, la brume a de nouveau tout recouvert et la nuit est tombée.

Arrivés à Nikko, nous nous rendons immédiatement au restaurant (il est déjà 19h30, et il n’y a plus grand chose d’ouvert). C’est l’établissement voisin de celui d’hier. Un coréen. Nous commandons tous des bibimbap, sauf Mado qui dit vouloir être prudente et reste aux yakitori. Elle terminera finalement le plat de sa sœur. Seul Igor semble ne pas apprécier du tout ce plat national coréen à base de riz, de légumes et de viande de boeuf surmonté d’un oeuf cru et évidemment accompagné de kimchi (chou fermenté et épicé).

Sur le chemin du retour à l’auberge, Cécile s’arrête pour photographier de nuit le pont sacré Shinkyo, joliment mis en lumière. Puis nous faisons un détour par le Seven-Eleven pour acheter les désormais rituels amandes au chocolat du soir.

De retour à l’auberge, les filles se relaient pour guetter devant la porte du Onsen. Par la fenêtre ouverte pénètrent le bruit perpétuel et L’odeur du torrent.

Toutes les photos du 03/07 sont ici : http://www.photoways.com/album/55925938