Yann "Bug" Dubois

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Mardi 1er : Musée Eiseibunko, Sugamo, Hakusan

1 July 2008 Par : Yann Dubois Catégorie : Français, Japon

Mirabelle et Madolia prennent soin du petit Boudha de SugamoMadoro Ishii est un vieux copain de lycée; nous nous sommes retrouvés cet hiver avec l’aide de Facebook, alors qu’il était de passage à Paris à l’occasion de son voyage de noces européen. Madoro travaille maintenant dans un musée où sont exposés les vestiges du patrimoine de la famille de son épouse : la famille Hosokawa, descendante directe du seigneur (daimiô) de Kumamoto (dont le superbe et immense château se visite toujours dans la région de Kyûshû.) Madoro m’avait promis une visite privée de son musée et c’est donc là que nous avons rendez-vous ce matin. Le musée est situé dans un parc, ancien domaine des Hosokawa, en bordure de la Kandagawa dans le quartier de l’université de Waseda. Nous nous y rendons par la ligne de métro Tozai après un changement à Otemachi.

L\'étrange immeuble Waseda El Dorado à TokyoSur le parcours entre la station Waseda et le parc Shin Edogawa, nous passons devant l’étrange bâtiment “Waseda El Dorado” aux allures de demeure du facteur cheval (ou de Gaudi), qu’on a du mal à qualifier (kitsch ? Baroque ? Tarte à la crême ?)… Voir photos pour s’en faire une idée.

Le musée Eiseibunko

Le musée EiseibunkoLe musée Eiseibunko lui-même est situé dans une vaste maison des années 30 de style occidental pour l’essentiel, juchée en surplomb d’un parc dont la plus grande partie a été cédée à la municipalité de Bunkyô-ku pour devenir le superbe jardin public Shin Edogawa. Depuis les anciens salons de la maison on a une vue panoramique sur ce parc, et on oublie vite qu’on est en ville.

Yann et Madoro dans la maison des Hosokawa à TokyoOn oublie même le temps, comme dit Madoro, entouré de vieux objets et meubles précieux dans cette bâtisse qui attira des hôtes de marque jusqu’au millieu du XXème siècle (dont Malraux, la famille Rainier de Monaco au grand complet, et de nombreux artistes). Des photos aux murs témoignent de ce passé glorieux orchestré par le dernier descendant d’une lignée d’aristocrates remontant à la période Edo, devenus grands mécènes et curieux des choses du monde sous Meiji puis Showa (bibliothèque comptant des ouvrages anciens en français, anglais, allemand et russe; cahiers de notes universitaires ramenés de Paris,…)

Sur les 6000 objets de collection que compte encore la famille Hosokawa, le musée ne peut en exposer qu’une partie à la fois. Les expositions changent donc au fil des saisons. En ce moment il s’agit d’une expositions d’une collection d’estampes à l’encre de chine (sumi-e) âgées de 300 ans.

Paravent russe appartenant à la famille Hosokawa

Magnifiquement conservées, elles témoignent de la fraîcheur, de la modernité, et souvent de l’humour de ce style d’esquisses, à la limite entre dessin et peinture, et qui une fois encore ne manquent pas de nous évoquer quelques caractéristiques du manga. (truculents portraits du moine boudhiste mythique Daruma -Bodhi Darma- avant qu’il ne perde bras et jambes par excès de méditation)

Le jardin Shin-Edogawa KoenMadoro nous offre le luxueux catalogue de la collection, où figurent les autres pièces (armes, vaisselle, costumes de théâtre Noh) que nous n’avons pas eu la chance de voir lors de cette visite. Puis il nous emmène visiter le jardin en contrebas de la propriété. Une source alimente un grand bassin bordé de buissons d’azalées. Dans le bassin s’ébattent d’énormes carpes et des familles nombreuses de tortues.

Le tramway Arakawa TodenIl est temps pour nous de reprendre notre chemin. Madoro nous accompagne jusqu’à la station du terminus du tramway (ligne Toden Arakawa). La minuscule voiture unique a l’air d’un jouet directement surgi du passé. Direction : la station Koshinzuka, à l’entrée du quartier de Sugamo !

Sugamo

Ce tramway est assurément le moyen de transport idéal pour se rendre à Sugamo : au fur et à mesure que nous avançons sur la ligne et nous enfonçons dans la partie réputée “ancienne” de la ville, nous constatons un phénomène étrange. Si ce quartier est “ancien”, c’est par l’âge moyen des habitants : comme dit Madoro, il n’y a que des vieux à Sugamo… Or à chaque station, nous voyons pénétrer dans le wagon des personnes manifestement de plus en plus âgées, repoussant vers le fond du wagon la jeunesse : mamans avec poussettes, et famille nombreuse que nous sommes. Ces joyeux petits vieux qui ne se sont jamais vu avant, entamment spontanément un brin de causette, de plus en plus fort (car de plus en plus sourds). L’avantage avec cette génération de japonais, c’est que pour eux le monde est simple : “en France, tous les gens sont beaux”, témoigne une grand-mère admirative de notre blondinette Mirabelle. De près, cette vieille “obaasan” tonitruante semble tout droit sortie d’un dessin animé de Miyazaki. L’odeur en plus, c’est un peu moins sympa mais… Ouf nous sortons juste à temps pour ne pas être atteints par la limite d’âge (dans ce tram, on rentre par la porte avant et on sort par la porte arrière… Si toutefois on sort; car qui sait ce qu’il y a au bout de la ligne ?)

Nous voici donc enfin arrivés au début de la rue principale de Sugamo, avec ses allures chattoyantes d’un improbable Lourdes bouddhiste !

Déjeûner à SugamoIl est l’heure d’avoir faim, et nous nous réfugions donc dans la première échoppe de la rue, où l’on peut déguster des zarusobas (nouilles froides, spécialité de saison), des ten-dons (bol de riz avec tempuras) et du riz au curry, toutes choses qui nous conviennent à merveille. Les spécialités culinaires du lieu sont cependant les “botas” (en katakana dans le texte), une sorte de boulettes marrons qui semblent remplies de riz. Dans l’incapacité que nous sommes de deviner de quoi elles sont constituées (malgré l’explication de la serveuse), nous ne nous risquons pas sur le bizarre. La moyenne d’âge autour de nous est élevée, mais difficile de savoir à quel point.

Sugamo, Tokyo - rue commerçante traditionnelleUne fois de retour dans la rue bordée de joyeux étalages de toutes sortes avec des dominantes de rouge, nous nous retrouvons dans un pays partiellement peuplé de petites personnes un peu tordues (parfois beaucoup, pliées en deux), portant systématiquement chapeau (bob en général) et cannes. Il ne s’agit pas de hobbits ni de lutins, car certains poussent également un déambulateur à roulettes, ou parfois même un fauteuil roulant où est assis un de leurs semblable. Nous avons sous les yeux la démonstration évidente du vieillissement de la population japonaise : ils ne sont pas tous là, mais ils viennent nombreux, tous les jours, se succédant du matin au soir, en pélerinage.

Ces petites vieilles pourraient-elles passer sous un cheval sans le voir ?Le but de leur périple : la statue du “petit boudha” noir du temple de Togenukijizoson, si chère à Baba.

Bien frotter le cou du petit Boudha...Nous sommes ici en mission, et nous exécuterons cette mission jusqu’au bout : purification préalable par la fumée de l’encens; achat de la petite serviette rituelle (auparavant rendue magique par la vendeuse à l’aide de l’étincelle jaillie de l’entrechoc de deux silex !); attente dans la queue organisée façon “Disneylourdes” par des hommes en blouse blanche et enfin… Arrosage rituel puis frottage du dos de la statue par nos deux filles. Tout ceci dans le crépitement des flash d’appareils photos, et filmé de bout-en-bout par Igor pour en conserver le témoignage ! (voir vidéo ci-dessous). Une fois le cérémoniel terminé, nous avons plié et emballé soigneusement la petite serviette magique dans le sac plastique fourni à cet effet. Nous la ferons sécher à l’hôtel et la rapporterons précieusement à Baba. Enfin, pour s’assurer que tout fonctionne comme prévu, les filles ont fait une petite offrande suivie d’une petite révérence au temple. Si avec tout ça Baba n’est pas complêtement guérie, c’est que le boudhisme ne peut plus rien pour elle 😉


Premier lavage du petit Boudha de Sugamo – Filmé par Igor


Frottage énergique du cou et du dos – Filmé par Igor


Petite donation et révérence au temple – Filmé par Igor

Nous terminons notre visite à Sugamo par un peu de shopping : boutiques à 100 Yens et autres commerces traditionnels nous tendent les bras (yukatas pour petits et grands, etoffes et babioles typiques). Je me suis acheté un beau chapeau qui n’est pas un “bob de vieux de Sugamo”.

Hakusan

En continuant l’avenue dans le prolongement de la rue commerçante de Sugamo, on arrive à Hakusan. En chemin, Igor teste une machine à nettoyer les lunettes :

Supermarché Olympikku, HakusanAprès quelques balbutiements qui nous amènent trop bas (jusqu’au supermarché Olympic, qui est toujours là), je retrouve la pâtisserie “française” Papa Daniel également toujours présente Pâtisserie Papa Daniel, Hakusan(depuis 1962 nous dit l’enseigne) qui marque l’entrée de la petite rue montant à notre ancienne maison. Deux familles différentes y habitent maintenant. Nous nous photographions devant la grille d’entrée. Igor dit qu’il est jaloux de ne pas avoir habité là.

Notre ancienne maison à HakusanNous poussons jusqu’au jardin botanique de Koishikawa mais il est malheureusement déjà trop tard, il vient de fermer, à 16h30 précises comme à-peu-près tous les parcs, jardins, musées et établissements culturels de Tokyo.

Les montagnes russes du parc de KôrakuenNous redescendons à pieds jusqu’au parc de Korakuen, dont le jardin est également déjà fermé. Les cris stridents des jeunes japonaises qui empruntent les montagnes russes du parc d’attraction voisin résonnent toujours à intervalles réguliers dans tout le quartier. Un match de baseball se prépare et les supporters, pères et fils (écharpes oranges) s’alignent sagement sur l’esplanade devant la bulle blanche pressurisée du stade couvert.

Nous rejoignons la ligne de métro Toei Namboku dans le modeste centre commercial Ramla à Iidabashi (devenu microscopique centre commercial en comparaison des nouvelles réalisations pharaonesques que nous avons visité depuis une semaine) – J’explique aux enfants que nous y venions parfois après le lycée.

Nouvel immeuble à Roppongi, TokyoNous retournons au 6ème étage de Roppongi Hills faire le plein d’argent liquide avant notre périple en-dehors de Tokyo. Maintenant que nous connaissons l’emplacement du Graal (le distributeur qui accepte nos cartes Visa françaises), nous retournerons régulièrement lui faire une visite de courtoisie (c’est cependant un peu moins cérémonieux qu’un pélerinage au petit Boudha de Sugamo). Au passage nous découvrons à la sortie de la station de métro Roppongi 1-chôme un troisième immense nouvel ensemble immobilier dans ce quartier (après Roppongi Hills et Tokyo Midtown) : Izumi Garden.

Roppongi : Hard Rock Café et Tony Roma\'s - \"It\'s a place for ribs\"

Retour direct à Yushima via la ligne Chiyoda à Nogizaka. De loin au passage, bref coup d’oeil sur le cimetière d’Aoyama, mais la nuit tombe déjà. Il a fait beau toute la journée aujourd’hui, la température à dû monter jusque 28 degrés, pas plus.

Retour du soir dans le métro de Tokyo...

Quatrième dîner chez Jonathan’s, à proximité de l’hôtel. Les enfants y ont maintenant leurs habitudes. Et nous gagnons une 2ème assiette en cadeau, récompense de notre fidélité.

Petit passage par le onsen du toît pour les filles. Je fais sécher la serviette du petit Boudha, Igor m’apporte la carte mémoire de sa caméra avec toutes ses vidéos à mettre sur le site. Puis je tape tout ce texte sur le mini clavier sans-fil de mon téléphone (qui marche enfin parfaîtement) pendant que Cécile trie les photos… Encore du boulot en perspective cette nuit pour mettre tout ça en forme sur le blog. Avant de préparer nos affaires pour le départ de demain.

PS : Je suis maintenant assuré de pouvoir taper le compte-rendu de la journée de demain (Nikkô) et des jours suivants depuis mon téléphone, par contre pas sûr qu’une connexion Internet adéquate permette de le publier immédiatement. Au pire, patience, nous repassons ici dans 4 jours après un détour par Kanazawa et Takayama !

Toutes les photos du 01/07 sont ici : http://www.photoways.com/album/55222103

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