Yann "Bug" Dubois

Développeur WordPress freelance à Paris
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Samedi 28 : Kichijôji, Fujimigaoka, Shibuya, Ebisu

28 June 2008 Par : Yann Dubois Catégorie : Français, Japon

Invasion de cygnes géants à Inokashira kôen, KichijôjiNous nous mettons decidément en route de plus en plus tard le matin. Il faut dire aussi que nous nous couchons de plus en plus tard, ces histoires de blog, mine de rien ca prend du temps.  (Note de Cécile : nous accusons le coup aussi des 15 bornes par jour au milieu de la foule tokyoite, perdu l’habitude!) Bref, midi approchait déjà quand nous nous sommes mis en route, direction Ueno pour rejoindre Shibuya par la ligne JR Yamanote. Un demi-tour de Tokyo plus tard (la Yamanote est une ligne circulaire, et Shibuya est exactement a l’opposé de Ueno) nous changeons de train pour emprunter l’express de la ligne privée Inokashira, direction le terminus de Kichijôji. Nous expliquons aux enfants que c’est la ligne que nous empruntions tous les jours pour nous rendre au travail durant notre première année de vie commune au Japon.

Kichijôji

Un quatuor rock de musique classique à KichijôjiLe week end, il règne a Kichijôji une joyeuse ambiance de quartier latin. Mais un quartier latin authentique, créatif et spontané comme il n’en existe plus à Paris que dans nos rêves. Le parc d’Inokashira, qui a donné son nom à la ligne de train, abrite en effet un “marché de l’art” amateur sans prétention, où se mélangent avec bonne humeur peintres, musiciens ambulants, clowns et prestidigitateurs, et vendeurs à même le sol de bric-à-brac “fait maison” en tout genre (colifichets, chapeaux, brolles diverses comme diraient les Belges…) A l’écart de la foule et de l’agitation sérieuse des centres de la capitale, ce petit microcosme sympathique s’étale donc sous les frondaisons, tout autour du petit étang où les familles se promènent avec chiens ou enfants.

Car c’est une grande nouveauté du Japon : il y a maintenant des chiens partout. Mais attention, pas
n’importe quels chiens ! Comme en toutes choses, les Japonais ont poussé plus loin que tout autre peuple le concept d’animal domestique de compagnie. Parfaitement adapté à la vie citadine moderne, le chien japonais est miniaturisé, standardisé, propre (on en vient à se demander où et comment ils les vident) et de préférence personnalisé par l’ajout de vêtements, bijoux, accessoires… Il peut également s’élever en grappes de 3, quatre ou 5, et se faire promener en poussette (!). Bref, les chiens-robots n’ont qu’à bien se tenir : le “vrai” chien nippon bien vivant a une longueur d’avance.

Plus de cygnes que d\'eau ?Je parlais plus haut du petit étang du parc d’Inokashira; ceux qui suivent ce carnet de voyage depuis le début de la semaine savent déjà que (comme aurait pu le prévoir Archimède) tout étang d’un parc japonais qui se respecte subit une invasion de pédalos en forme de cygnes, qui atteint en un samedi après-midi ensoleillé des proportions telles qu’il est parfois difficile d’apercevoir le liquide entre les véhicules à pédales d’allures et de couleurs diverses qui forment un gigantesque mais tranquille embouteillage aquatique.

Inutile de dire que devant ce spectacle étonnant, il était au-dessus de nos forces de refuser aux enfants la possibilité de participer à cette fresque collective, qui constituait en outre pour nous l’occasion idéale de produire in-situ quelques photographies cocasses.

Bières et boissons fraîches à Inokashira kôenMais avant l’effort qui nous attendait, il s’agissait pour l’heure prioritairement de se restaurer. En bas de la petite rue commerçante bordée de magasins “ethniques” (on dirait maintenant bobo) qui mène de la station de train jusqu’au parc, quelques échoppes en plein air proposent au milieu d’une fumée dense et odorante des brochettes traditionnelles au poulet (yakitori) et autres abats, ainsi que des nouilles chinoises sautées (yakisoba). Ces mêmes échopes -ils connaissent leur métier- proposent une profusion de cannettes de bière bien fraîche. O surprise, il y avait même des bouteilles de bière belge : Stella artois, et les trois couleurs de Chimay. Comme on ne peut se résoudre à croire qu’il les avaient disposées là précisément aujourd’hui et pour nous seuls, il faut en conclure que l’industrie Belge a pris des parts de marché décisives au coeur du pays du soleil levant, ce qui prend des allures d’exploit quand on se situe à 10000 kilomètres de la première baraque à frites ! Ceci dit, de toute façon, au Japon, je ne bois que de la bière japonaise, qui s’accomode mieux avec la nourriture et le climat locaux. Pour l’occasion ce sera de la Yebisu (oui je connais déjà le programme de la fin de journée…)

Les enfants à Inokashira kôenNous emportons ces quelques victuailles à la recherche d’un coin tranquille pour les déguster. Ce qui n’est pas chose facile vu la densité de population pique-niquant sur chaque banc disponible ou coin d’herbe sous un arbre. Nous trouvons finalement un banc en pierre dans un coin ombragé, à proximité d’un gamin qui s’occupe à pêcher et repêcher le même pauvre poisson avec une épuisette.

Une fois les vivres englouttis, nous remballons nos déchets soigneusement (eh oui, il n’y apas une seule poubelle dans les parcs de Tokyo : chacune est prié de ramener ses ordures chez soi où il paye des taxes pour les faire enlever, et doit en outre scrupuleusement les trier dans des sacs plastique transparents sous peine de délation par les voisins – c’est du vécu…)

Les enfants dans le cygne à KichijôjiNous nous dirigeons gaiement vers l’embarcadère des volatiles aquatique à pédales où nous louons pour 30 minutes précises deux modèles d’engins de navigation, un à long cou pour les enfants et un modèle plus discret avec conduite intérieure pour les parents. S’engage alors une course poursuite effrenée à travers la foule des embarcations à rames et à pédales dont nous vous passons les détails tant les photos parleront d’elles-même.

Vers Fujimigaoka le long de la Kandagawa

La promenade de la KandagawaLes trente minutes pétantes écoulées, nous débarquons et abandonnons à son sort l’armada du samedi pour rejoindre la petite “promenade” (en français dans le texte) le long de la rivière Kanda, qui nous amènera jusque Fujimigaoka. Avant la naissance de Madolia, quand nous y habitions, nous avons très souvent fait cette promenade le week-end, en général en vélo, pour rallier Kichijôji et son bazar “ethnique”. C’est donc avec une certaine nostalgie que nous faisons découvrir aux enfants cette balade agrémentée de sculptures et de petites aires de jeu ou de repos, ou nous nous sommes autrefois promenés notamment avec Baba (du temps où on ne l’appelait pas encore comme ça car elle n’était pas encore grand-mère !).

Notre ancien appartement de FujimigaokaNous arrivons enfin à Fujimigaoka, et il ne nous faut pas longtemps pour retrouver l’immeuble où nous habitions. Il a changé de nom et la façade a récemment été rafraîchie, mais autrement rien n’a changé. (Si en fait : il y a maintenant des caméras de vidéosurveillance et un digicode. Sans doute une tentative pour durcir encore la surveillance des horaires de sortie des poubelles par les locataires…) La plupart des commerces du coin demeurent également, et notamment le “recycle shop” où nous avions acheté plusieurs meubles dont certains sont arrivés jusque Nogent-sur-Marne.

Nous faisons un tour au supermarché Seiyû où nous faisions nos courses il y a quinze ans pour constater deux choses : il y a maintenant un rayon de vins français bien achalandé, mais il n’y a toujours aucun fromage (alors qu’on en trouve facilement au centre de Tokyo). Tiens, j’ai oublié de regarder s’il y avait de la bière Belge. Il y avait en tout cas de quoi acheter un goûter.

Retour à Shibuya

La foule autour d\'Hachiko à ShibuyaIl commence à se faire tard, nous reprenons le train à la gare de Fujimigaoka que nous connaissons bien (certaines publicités pour le cabinet d’orthodontie du coin n’ont pas changé), et rentrons à Shibuya. Là, nous décidons de rallier Ebisu (la station suivante sur la ligne JR Yamanote) à pied. La foule dense et bigarrée de Shibuya un samedi soir nous happe. Nous passons faire un petit coucou à la statue du chien Hachiko, symbole de fidélité, dont nous expliquons l’histoire aux enfants. Il y a tellement de jeunes japonais qui se sont donnés rendez-vous autour qu’on ne peut pas approcher la statue.

La légende raconte qu’Hachiko était un chien tellement fidèle qu’une fois son maître décédé, il continua pendant plusieurs années à venir l’attendre chaque soir devant la gare de Shibuya, comme il en avait l’habitude. Qu’il pleuve, neige ou vente, l’animal était là à attendre patiemment. A la mort du chien, les habitants du quartier lui érigèrent une statue devenue symbole de la fidélité en amitié et en amour, et donc point de ralliement ou de rendez-vous galant idéal.

Nous longeons les voies de chemin de fer jusqu’à Ebisu; c’est l’effervescence du samedi soir sur Meiji-Dori où se bousculent les jeunes de retour de leur shopping de mode à Harajuku. En s’éloignant petit à petit l’ambiance retombe. A Ebisu tout est plus calme. Dans le grand complexe “Iebisu Garden Place”, qui venait d’ouvrir à notre départ de Tokyo, tout est plus classe, plus chic et plus cher.

(I)Ebisu

Le Château Rebuchon à EbisuQuelques mamans très bien habillées promènent leurs rejetons tout vêtus de marques chic et bon genre. L’endroit s’adresse à une clientèle aisée comme en témoignent les prix des restaurants. Il faut dire que Joël Rebuchon y a élu domicile dans un château français reconstitué pierre par pierre entre deux gratte-ciels.

Nous nous contenterons de quelques assiettes de spaghetti pris à une terrasse avoisinante et -bien sur- de bière Yebisu, comme il se doit dans ce lieu qui porte le nom de cette marque de bière (ce qui n’a rien d’un hasard, l’attraction principale de l’endroit, en dehors du chateau de Rebuchon, étant un “beer garden” géant avec musique bavaroise et décor kitsch).

Depuis 12 ans, Iebisu Garden Place a gardé ce côté trop propre, un peu Disneyland, qui doit plaire à une clientèle ciblée, mais qui manque de chaleur et d’authenticité à notre goût.

Nous reprenons la JR Yamanote pour rentrer à Ueno. En marchant vers l’hôtel, nous nous arrêtons bien sur au convenience store pour refaire nos stocks de chocolats. Les filles feront un petit tour au Onsen en plein air sur le toît avant de regagner leurs pénates.

A demain pour de nouvelles aventures !

Toutes les photos du 28/06 sont ici : http://www.photoways.com/album/54662698

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